Julie Mallet au téléphone, depuis Marseille. Entre deux impressions 3D et un bug de carte SD, elle parle de son parcours — de l'architecture d'intérieur à Barcelone au design d'objets durables. Aujourd'hui, elle imprime des lampes, vases et appliques en biomatériaux, dans son atelier du Sud.
Vous étiez architecte d'intérieur à Barcelone, racontez-nous ce qui vous a conduit à devenir designer à Marseille.
Je ne me retrouvais plus dans ces milieux de l'architecture et de la construction. Ce qui me pesait, c'était le décalage entre mes valeurs et certaines pratiques du secteur. J'avais besoin de retrouver du sens dans mon travail, de me reconnecter à la fabrication. Je désirais créer de mes mains, sans perdre tout ce que j'avais appris ni repartir de zéro. Je me suis donc tournée vers les Fablab, ces ateliers où chacun peut donner naissance à des projets personnels et uniques. On y retrouve des artistes qui rencontrent et aident les professionnels ou particuliers à prototyper leurs idées.
C'est un concept qui m'a vachement plu dès le départ. En y travaillant, j'ai découvert la fabrication numérique, dont l'impression 3D, qui m'a conquise. À ce moment-là je vivais encore à Barcelone, et m'épanouissais dans un des plus gros fablabs d'Europe. C'est d'ailleurs là que j'ai eu la chance de découvrir les biomatériaux, avant de rentrer en France début 2020.
Clément Mahoudeau_Ville de Marseille
Je me suis ensuite associée avec un petit fablab à vocation « sociale » à La Ciotat. J'accompagnais des enfants et des jeunes de milieux défavorisés, c'était une expérience enrichissante, mais au bout de deux ans, je sentais qu'il me manquait encore un côté créatif. Comme on le dit si bien, « chassez le naturel, il revient au galop », j'avais déjà commencé à crayonner des idées, qui sont devenues plus tard des objets disponibles sur Perlo.
Est-ce qu'on peut d'ailleurs parler des biomatériaux, qu'est-ce que c'est et pourquoi sont-ils si présents dans votre travail ?
Dans l'impression 3D, il y a deux grandes familles de matériaux : les biomatériaux qui sont biosourcés, et les autres, issus de la pétrochimie. Parmi les biosourcés, il y a ce qu'on appelle le PLA, un matériau abordable et facile à manipuler. Mais il existe aussi d'autres matières que l'on peut imaginer de toute pièce. À Barcelone j'ai notamment suivi des cours d'élaboration de biomatériaux pour des créations de mode. On a d'ailleurs utilisé de la purée de pommes de terre avec des enfants pour que ce soit ludique : ce qui montre bien le champ des possibles.
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L'idée en rentrant en France était donc de trouver des fabricants de PLA encore plus écoresponsables. J'ai découvert une entreprise française qui correspondait parfaitement à mes attentes : elle travaille avec des résidus organiques et minéraux, notamment des coquilles de moules ou de saint-jacques. J'ai de suite adoré la matière et les variations de couleur très « naturelles » du fait de leur origine. Ça s'harmonisait parfaitement avec ce qui m'avait poussée à quitter le monde de l'architecture d'intérieur.
Y a-t-il un objet, dans tes collections, avec une histoire particulière et qui aurait besoin d'un coup de projecteur ?
Effectivement, cela fait maintenant plus d'un an que je travaille sur un luminaire en particulier. Il faut savoir que dans l'impression 3D, les machines sont paramétrées pour un rendu « beau », « esthétique », fluide et sans défauts. Au contraire, pour ce projet, je dérègle volontairement l'imprimante pour obtenir une texture particulière, qui ne colle pas aux standards d'une œuvre 3D. J'espère concrétiser ce luminaire horizontal avant la fin de l'année.
© Clément Mahoudeau_Ville de Marseille
Il y a aussi l'applique Zygi dont j'aime beaucoup l'inspiration. En dégustant mon café du matin sur mon balcon marseillais, j'ai pris le temps de regarder les rayons du soleil déformer les ondulations des barres de métal de la balustrade. J'ai adoré cet effet, et y ai vu l'esquisse d'une applique murale. Ayant grandi dans les années 80, les formes triangulaires et l'esthétique vintage sont au cœur de mon travail, alors j'ai ordonné toutes mes idées et ai imprimé Zygi.
 Lampe Zygy |
Les créations de Julie Mallet sont disponibles sur Perlo. Chaque pièce est unique, imprimée en France. Julie travaille avec du PLA biosourcé enrichi de résidus organiques et minéraux — coquilles de moules, de saint-jacques, et autres matières recyclées. Un travail entre design vintage et attention à la matière.
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